Le transport de voyageurs par autocar a vu son marché se développer lorsqu’Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, a décidé de libéraliser le secteur en 2015. Depuis, la fréquentation des « cars Macron “n’a eu de cesse d’augmenter. L’autorité de régulation des activités ferroviaires et routières en France, l’ARAFER, a ainsi comptabilisé 7 millions de voyageurs pour l’année 2017.

Et les estimations pour l’année 2018 devraient être à la hausse, puisque la fréquentation des bus au premier trimestre 2018 a augmenté de 30 %. Les compagnies d’autocar en France que sont OUIBUS, FLIXBUS et ISILINES se livrent une concurrence sans merci, et tentent, tant bien que mal, de se faire une place tout en poursuivant des objectifs de rentabilité. À ce sujet, Flixbus annonce qu’il pourrait devenir rentable dès l’année prochaine. Voyons ensemble comment la compagnie allemande a évolué depuis la libéralisation du marché de l’autocar.

L’année 2017 : une année favorable pour FlixBus

La compagnie allemande Flixbus a connu une année charnière dans son développement en France et semble vouloir continuer sur sa lancée pour les années à venir. Détenant le monopole du marché en Allemagne, la start-up née à Munich en 2013 a dû néanmoins se battre pour exister sur le marché français. En effet, auprès de différents acteurs comme ISILINES et OUIBUS (ancienne filiale de la SNCF, maintenant rachetée par BlaBlaCar), se faire un nom et braver la concurrence n’était pas gagné d’avance.

Après une année 2016 en demi-teinte, la compagnie Flixbus a enregistré en 2017 60 % de passagers en plus et une augmentation du nombre de ses lignes de plus de 80 % par rapport à l’année précédente. La création de nouvelles lignes permet à Flixbus de détenir aujourd’hui le meilleur réseau routier avec 90 lignes, ces dernières proposant plus de 200 arrêts. En totalité, ce sont 5,2 millions de voyageurs qui ont voyagé sur ces dernières via la compagnie allemande, rien que pour l’année 2017. Cette croissance fulgurante fait de l’autocariste allemand l’un des acteurs principaux du marché. À l’heure actuelle, Flixbus couvre 80 % du territoire national et voudrait aller encore plus loin pour s’imposer comme un acteur incontournable de la mobilité en France.

Vers des lignes 100 % électriques

En mars 2018, Flixbus a littéralement bouleversé le secteur de l’autocar avec l’annonce d’une ligne longue distance 100 % électrique. Aidé de ses partenaires, Yuton, un fabricant chinois et l’opérateur B.E Green, Flixbus a inauguré sa première ligne 100 % électrique reliant Paris à Amiens. L’autonomie annoncée de ces cars est de 200 kilomètres, du jamais vu jusqu’à présent pour des trajets aussi longs.

Récemment, Yvan Lefranc-Morin a fait le point sur cette expérience et en tire un bilan très positif. En effet, les craintes autour de ce projet étaient nombreuses, notamment concernant les risques de pannes et une autonomie en deçà des espérances annoncées. Finalement, aucun problème n’a été constaté en 7 mois d’allers-retours entre Paris et Amiens. Ce constat encourage dès lors la compagnie allemande à continuer sur cette voie, en ayant pour projet de développer d’autres lignes 100 % électriques d’ici peu.

Devant le nombre important de villes candidates, il est encore trop tôt pour connaître les futures destinations, mais il y a fort à parier que cela se déroulera au départ de Paris pour une destination située dans un rayon de 200 kilomètres. Des villes comme Rouen et Orléans sont d’ailleurs les premières villes citées par le dirigeant. Ce changement de cap de la part de Flixbus tombe à point nommé, les derniers événements de contestation en France sur les taxes des carburants allant dans le même sens.

Même si la transition vers du tout électrique n’est pas encore réalisable, les grandes agglomérations sont très sensibles à ce projet, notamment pour réduire le taux d’émission de particules fines dans l’air provoqué par les transports. En agissant de la sorte, en plus de réduire drastiquement ses coûts en énergie, le leader allemand prend les devants pour être demain le premier sur le marché de l’autocar écologique.

La révolution de la mobilité multimodale

L’année 2018 est une année de changements pour les principaux acteurs du secteur du transport. En début d’année, BlaBlaCar a annoncé ainsi avoir racheté OUIBUS, ancienne filiale de la SNCF. Derrière ces annonces, c’est une véritable révolution des moyens de transport qui s’opère en coulisse avec la volonté de combiner les voyages, ce qui répond au nom de mobilité multimodale.

Le concept est simple : permettre aux passagers une expérience inédite en prenant en charge intégralement le voyage des usagers, c’est-à-dire de porte-à-porte. Dans cette optique, la SNCF propose désormais, via son site OUISNCF.com des voyages combinés : train + bus, covoiturage + train, etc.

Mais Flixbus a su se montrer immédiatement réactif en annonçant, sur son site par un communiqué de presse en date du 30 août 2018, un partenariat avec la société UBER. Ainsi, le rapprochement entre ces deux sociétés permet à des milliers de voyageurs de profiter d’un confort de voyage unique en combinant les longues et courtes distances. Pour ce faire, UBER a développé dans le cadre de ce partenariat des fonctionnalités supplémentaires via son application, pour permettre aux voyageurs Flixbus d’être pris en charge dès leur arrêt en gare routière.

Cette association règle aussi de nombreux problèmes liés aux voyages de nuit, les transports en commun ne fonctionnant plus à ce moment-là pour rentrer chez soi. Dorénavant, un UBER pourra venir prendre en charge les voyageurs Flixbus pour les transporter jusqu’à leur lieu de destination finale.

La mobilité multimodale est donc l’enjeu des années à venir, non seulement pour réduire l’utilisation de la voiture individuelle, mais aussi pour assurer aux clients des trajets entièrement pris en charge et sécurisants. Le partenariat devrait d’abord concerner les principaux pays européens pour ensuite s’étendre plus largement sur le continent une fois qu’un premier bilan aura pu être dressé, sur les avantages de ce mode de transport.

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